Adaptation sociale et principe de réalité |
Adaptation sociale et principe de réalité L’accession du moi à la réalité dans la théorie freudienne
Claude Kessler (1988)
On ne trouve pas chez Sigmund Freud une théorie de l'adaptation sociale. L'adaptation sociale n'est pas non plus pour lui un des objectifs de la cure analytique. Par contre on trouve dans sa conceptualisation de l'appareil psychique et de son développement les notions d'accès à la réalité et de principe de réalité, lequel inclut celui de réalité sociale. L'adaptation à la réalité sociale suppose quelque chose de plus que l'accession du moi à la réalité et qui est l'adhésion à cette réalité, le partage des valeurs et des fantasmes du groupe social de référence. L'adaptation professionnelle montre bien cette différence : un travailleur qui accomplit les tâches qui lui sont demandées consciencieusement, mais sans plaisir, sans y croire n'est pas adapté professionnellement. Des soignants, des enseignants, des policiers… qui ne croient plus à ce qu'ils font, pour lesquels leur travail n'a plus de sens sont des désadaptés professionnels et des êtres en souffrance (syndrome de désadaptation) que les médecins vont soigner avec des anxiolytiques et des antidépresseurs. Une adaptation sociale réussie implique adhésion et harmonie avec la micro ou macro société de référence, plaisir dans la participation au fonctionnement du groupe social et non seulement soumission et obéissance aux exigences de ce groupe, soumission apparente qui peut fort bien cacher une révolte. La question que pose l'accès du moi à la réalité chez Freud est celle des conditions d'une action efficace (" action spécifique") pour satisfaire les exigences pulsionnelles et de la possibilité de penser cette réalité rationnellement en vue d'une telle satisfaction. Mais la psychanalyse introduit aussi l'idée d'une autre réalité qui est la réalité psychique. Là aussi il s'agit d'une réalité avec laquelle le moi a à faire, la réalité des désirs et des fantasmes, la réalité que constitue la subjectivité d'un individu pour lui-même et les autres. Qu'est ce qui fait du concept de réalité une des pierres angulaires de l'édifice freudien ? En quoi ce concept est-il incontournable et quelle est son utilité ? Que ce soit dans " l’Esquisse d’une psychologie scientifique " (1) de 1895, ou dans les " Formulations sur les deux principes de fonctionnement psychique " (2) de 1911, Freud aborde la question de l’accession du sujet à la réalité du monde extérieur au niveau du moi, et ce dans le cadre d’une interrogation de ce qu’il en est d’une satisfaction efficace des pulsions dont les quantités d’excitation produisent dans le moi un état de tension et un investissement de la représentation de l’objet dont est attendue la satisfaction. Dès les premières lignes de " l’Esquisse… ", Freud oppose le principe d’inertie selon lequel les neurones tendent à se débarrasser des quantités d’excitation pour se maintenir dans un état de non-excitation, à l’action spécifique : les besoins vitaux ne peuvent être satisfaits par la seule décharge des excitations, ils nécessitent une action spécifique qui oblige le système neuronique à renoncer à sa tendance originelle à l’inertie et à supporter une quantité d’excitation emmagasinée suffisante à satisfaire les exigences d’un acte spécifique. Pour Freud, une satisfaction efficace est une satisfaction qui passe par la réalité extérieure. La satisfaction hallucinatoire de désir est présentée comme le modèle de la satisfaction inefficace : quand le moi, " en proie à quelque désir, investit à nouveau le souvenir de l’objet puis déclenche le processus de décharge alors que l’objet n’étant pas réellement présent et n'existant que dans l’imagination, toute satisfaction est impossible " (3). C’est au moi qu’incombe la fonction d'inhiber la charge en désir qui, si elle n’est pas diminuée en quantité, aboutit à l’hallucination. Freud dégage ainsi deux modes de fonctionnement de l’appareil psychique : les processus primaires où les quantités d’excitation s’écoulent librement, passant sans entraves d’une représentation à l’autre, et les processus secondaires, dans lesquels la libre circulation des quantités d’excitation est inhibée en vue d’une action spécifique obéissant aux lois de la réalité. La théorie freudienne pose la satisfaction hallucinatoire comme la tendance originaire de l'appareil psychique à reproduire une expérience réelle de satisfaction. En un premier temps, Freud nous dit dans les " Formulations sur les deux principes de fonctionnement psychique ", le nourrisson est complètement indifférent à la réalité du monde extérieur et résout les tensions résultant de ses pulsions par l’hallucination de leur satisfaction : "… il trompe le déplaisir lié à la croissance de l’excitation et à l’absence de satisfaction par une décharge motrice de cris et de gesticulations, et ainsi fait l’expérience d’une satisfaction hallucinée ". Mais cette satisfaction selon le seul principe de plaisir se révèle inefficace à apaiser l’accumulation de tension : l’hallucination du sein et de la satisfaction qu’il procure n’est pas une réponse adéquate à un besoin physiologique. Dès lors, la quête d’une satisfaction efficace oblige le nourrisson à se représenter les relations réelles (reale) du monde extérieur et à s’efforcer d’obtenir une transformation réelle. Dans les " Formulations… ", Freud utilise deux termes pour parler de la réalité : " Réalität " ou son adjectif " real ", et " Wirklichkeit ". Le concept de " Realität " renvoie au langage de la philosophie classique dans son interrogation d’une réalité extérieure à la conscience et dont l’existence serait indépendante de sa représentation. L’accent est mis sur l’extériorité de la réalité par rapport à la conscience, d’une réalité qui obéit à ses lois propres, indépendamment de la pensée et hors des fantasmes. Quant à la " Wirklichkeit ", elle désigne le lieu de ce qui est selon le principe de causalité, la matière (4), avec la possibilité d'une action efficace car conforme aux principes de cette réalité : l'apragmatisme cela peut être de s'asseoir vêtu d'un blouson d'aviateur doublé d'une fourrure en plein mois d'août au bord de la plage, cet apragmatisme va prendre son sens ailleurs et est sans doute adapté à autre chose qu'à la canicule. La question de la nécessité d'une satisfaction réelle introduit une différence entre les pulsions d’auto-conservation et les pulsions sexuelles : alors que les premières nécessitent d’emblée, pour assurer la survie du nourrisson, une satisfaction effective, c’est-à-dire obtenue conformément aux lois de la réalité, les secondes peuvent se contenter plus longtemps, voire toujours, d’une satisfaction selon le seul principe de plaisir : autoérotisme et fantasmes. Dès lors plusieurs questions se posent : pourquoi et comment les pulsions sexuelles vont-elles ou non se soumettre au principe de réalité ? Et qu'en est-il d'une sexualité régie par le principe de réalité ? Que la sexualité accède au principe de réalité ne signifie pas que les satisfactions auto-érotiques, prégénitales et fantasmatiques soient abandonnées. Ces satisfactions résiduelles de la sexualité infantile coexistent avec la sexualité adulte. Alors pour expliquer l'accès du sujet à une sexualité selon le principe de réalité, Freud a recours à l'interdit de l'auto-érotisme, au développement de la libido évoluant du prégénital au génital et bien sûr au rôle structurant de l'Œdipe, à la fonction phallique et à la castration. Le concept de réalité matérielle est souvent employé par Freud dans une acceptation élargie qui l’oppose à la réalité de la psyché, la réalité de l’esprit qui n’est pas celle de l’encéphale. " Lorsqu’on se trouve en présence des désirs inconscients ramenés à leur expression la dernière et la plus vraie, écrit Freud dans " l’Interprétation des rêves ", on est bien forcé de dire que la réalité psychique est une forme d’existence particulière qu’il ne faut pas confondre avec la réalité matérielle " (5). Parfois Freud oppose aussi la réalité matérielle à la réalité de pensée (Denkrealität) (6), expression synonyme de réalité psychique. Pour l’homme, cependant, la réalité du monde extérieur ne saurait se réduire à la seule réalité matérielle et aux principes qui l’organisent. Pour lui, la quête de l’objet de satisfaction pulsionnelle est toujours déjà soumise aux lois qui régissent les rapports entre les hommes. D’emblée, dans " L'avenir d’une illusion ", Freud situe les relations de l’homme à la société, à la civilisation, dans une double dimension : " La culture humaine (…) présente deux faces, écrit-il. Elle comprend, d’une part, tout le savoir et le pouvoir qu’ont acquis les hommes afin de maîtriser les forces de la nature et de conquérir sur elle des biens susceptibles de satisfaire aux besoins humains ; d’autre part, toutes les dispositions nécessaires pour régler les rapports des hommes entre eux, en particulier la répartition des biens accessibles (7). Et ensuite d’affirmer : " La civilisation doit être défendue contre l’individu, et son organisation, ses institutions et ses lois se mettent au service de cette tâche ; elles n’ont pas pour but unique d’instituer une répartition des biens, mais encore de la maintenir, elles doivent de fait protéger contre les impulsions hostiles des hommes tout ce qui sert à maîtriser la nature et à produire les richesses (…) Il semble que toute civilisation doive s’édifier sur la contrainte et le renoncement aux pulsions (…)(8)". Freud distingue deux catégories d’interdits culturels opposés à la satisfaction pulsionnelle. Il y a d’abord les interdictions qui s’imposent à tout le monde, celles par lesquelles la civilisation commença à s’écarter de l’état primitif animal, et qui se sont intériorisées au cours de l’évolution humaine pour constituer le surmoi. Il s’agit des interdits de l’inceste, du cannibalisme et du meurtre. Viennent ensuite les interdictions imposées par les classes sociales dominantes aux classes dominées. " On ne peut alors s’attendre, écrit Freud, à trouver une intériorisation des interdictions culturelles chez les opprimés ; ils sont bien plutôt prêts à ne pas reconnaître ces interdictions, ils tendent à détruire la civilisation elle-même, voire à nier éventuellement les bases sur lesquelles elle repose (9) ". On ne peut être plus réactionnaire. On passe donc de la question de la nécessité et des conditions d'une satisfaction réellement efficace à celle de l'insatisfaction imposée, non seulement par la réalité matérielle ou la loi, mais encore par l'oppression. Le principe de réalité pour les opprimés, selon Freud, ce serait donc d'accepter d'être exploités pour recevoir en compensation de quoi satisfaire leurs pulsions ? Freud esquive le débat de l'organisation politique du champ social en substituant la référence à la raison à celle à la réalité. N’écrit-il pas en 1932, dans les " Nouvelles conférences sur la psychanalyse " : " Figurons-nous ce que serait la société humaine si chacun se servait d’une table de multiplication à lui, ainsi que d’unités de longueur et de poids particulières. Puisse un jour l’intellect - l'esprit scientifique, la raison -, accéder à la dictature dans la vie psychique des humains ! Tel est notre vœu le plus ardent (10)". Cet exemple, pour simpliste qu’il puisse paraître, de même que cet autre dont use Freud : " … Je pense que nul d’entre nous ne consentirait à monter dans une automobile dont le chauffeur déclarerait ne pas vouloir être gêné par les édits réglant la circulation et n’obéir qu’aux élans exaltants de sa fantaisie (11) ", nous montrent la facilité avec laquelle l’on risque de poser comme principe de réalité et limite à la jouissance, l’auto-conservation et la raison. Ce serait la peur du châtiment qui amènerait à l'abandon des satisfactions illégales et hors normes. L’accession à la réalité serait l’affaire du moi et des pulsions d’auto-conservation qui œuvrent à son service. La réalité de la vie serait donc de survivre ? Et le principe de réalité tout ce qui va dans le sens de cette survie ? Avec la seconde topique, le rôle du moi comme instance à laquelle est dévolue la tâche d’assurer l’emprise du principe de réalité sur les pulsions est réaffirmée (rappelons que dans la seconde topique le concept de pulsion recouvre les pulsions de vie, lesquelles regroupent les pulsions sexuelles et les pulsions d’auto-conservation, et les pulsions de mort) : le moi, écrit Freud, " intercale, entre la revendication pulsionnelle et l’action qui procure la satisfaction, l’activité de pensée qui, s’étant orientée dans le présent et ayant utilisé les expériences antérieures, tente de deviner par des actions d’épreuve le résultat des entreprises envisagées. Le moi arrive de cette façon à déceler si la tentative pour obtenir la satisfaction doit être effectuée ou ajournée ou si la revendication de la pulsion ne doit pas être purement et simplement réprimée comme dangereuse (principe de réalité) (12) ". Une sexualité selon le principe de réalité serait alors une sexualité qui ne fait courir aucun risque exagéré à l'individu, en quelque sorte une sexualité raisonnable, la raison selon Freud étant supposée privilégier la survie et le confort au plaisir. Mais, toujours pour Freud, une sexualité selon le principe de réalité c'est aussi une sexualité au service de la procréation, donc au service de la survie de l'espèce. Il est important ici de distinguer entre ce qui est maîtrise et répression des pulsions et ce qui est leur structuration : pourquoi un individu est-il attiré par tel "objet" sexuel plutôt que tel autre ? L'homme n'est pas libre de son désir, il le subit, éventuellement il peut y résister. Freud a entrevu un autre destin pour les pulsions sexuelles que leur satisfaction dans la réalité ou leur répression et qui est leur refoulement, mécanisme inconscient par lequel elles sont détournées d'une satisfaction dans la réalité et vont pouvoir se satisfaire en un autre lieu qui est l'inconscient, non plus selon le principe de réalité, mais selon le seul principe de plaisir. Fonction paradoxale du refoulement : il est au service du moi et du principe de réalité en écartant la pulsion d'une satisfaction dans la réalité en même temps qu'il soustrait cette pulsion au principe de réalité en lui offrant une satisfaction selon le seul principe de plaisir en un autre lieu qui est l'inconscient. " Le trait le plus surprenant des processus inconscients, écrit Freud, (…) c’est que l’épreuve de réalité n’y ait aucune valeur, que la réalité de pensée y soit placée à égalité avec la réalité extérieure, et le désir avec l’accomplissement, avec l’événement, comme si celui-ci découlait tout bonnement de la domination de l’ancien principe de plaisir (13) ". Dans la théorie freudienne, la transformation du principe de plaisir en principe de réalité a pour seul lieu le système préconscient – conscient, c’est le seul moi qui accède à la réalité, encore que dans ce dernier des activités de pensée restent indépendantes de l’épreuve de réalité : le jeu ou les rêveries diurnes par exemple. La perspective topologique introduit une nouvelle dimension dans le questionnement de la (dé)liaison de la sexualité et du principe de réalité : celle du désir inconscient. L’inconscient est le lieu du désir, du désir sexuel inconscient, puisque Freud parle également de désir conscient, préconscient ou du désir de dormir. Les implications de cette affirmation sont déterminantes pour la théorie de la sexualité. En effet, si l’on en reste aux pulsions sexuelles, Freud ne leur assigne pas une position topologique déterminée, les pulsions sexuelles n’étant ni conscientes ni inconscientes. De même, le refoulement ne porte pas sur les pulsions, mais sur leurs signifiants, leurs représentants – représentations (14). Dès lors c'est un abus de langage de parler de pulsion inconsciente ou refoulée. Par contre, il existe un désir inconscient, désir sexuel au sens spécifique que donne la psychanalyse à ce terme. D’être dans l’inconscient, le désir ignore le principe de réalité, pour le désir la question d’être satisfait selon le principe de réalité, celle du monde extérieur, ne se pose pas. C’est pour rendre compte de ce statut particulier du désir inconscient que Freud a introduit le concept de réalité psychique. S'il parle de la réalité du désir inconscient et de celle du fantasme qui est son accomplissement, c’est pour affirmer la réalité d'une certaine immatérialité, celle avec laquelle tout individu a à faire, la réalité psychique, la réalité du sujet qui est l'objet de la psychanalyse. Le refoulement détache des pulsions sexuelles un désir inconscient qui trouve satisfaction, non dans un objet matériel, mais dans le fantasme. Il porte sur les signifiants des pulsions frappées d’interdit, et ce sont ces signifiants qui vont structurer le désir inconscient. Le désir renvoie à cette autre réalité qui est la Loi, non les lois arbitraires qui organisent le champ social, mais la Loi en tant que Loi, c'est-à-dire la loi du symbolique qui introduit les différences dans le monde humain. C'est à travers l'Œdipe et l'interdit de l'inceste que l'enfant va rencontrer l'ordre du monde dans lequel il vit, ses signifiants et les lois qui les articulent. Les pulsions fonctionnent à un niveau acéphale : source, but et objet. Un sujet ne peut émerger que d'une rencontre avec la Loi, il naît alors séparé de son objet par le langage. La Loi est langage et le langage est Loi. C'est cette réalité-là que dévoile la psychanalyse comme vérité de l'homme pris dans son champ social, et ceci indépendamment des hasards heureux ou malheureux de l'Histoire. Le refoulement structure le désir inconscient et détermine le choix de l'objet de satisfaction pulsionnelle, il donne sens au désir, sens interdit. C’est ce que nous montre Freud dans son article de 1910 (15) à propos du prototype maternel du choix d’objet chez l’homme. Il s’agit d’hommes ne choisissant jamais comme objet d’amour une femme qui soit encore libre, et sur lesquels seules les femmes de mauvaise réputation quant à leur vie sexuelle exercent un attrait ; Freud analyse ce choix d’objet amoureux comme la quête d’un substitut maternel, quête engendrée par le refoulement du désir oedipien pour la mère. Epurée, la question de l'accès à la réalité devient celle de l'accès au symbolique, de l'émergence d'un sujet pris entre l'être et le sens. Les troubles mentaux, comportementaux et somatiques causés par l'inadaptation à la réalité n'entrent pas dans le champ de la psychopathologie freudienne. Plus classiquement il y est question de la perte de la réalité (Realität-verlust) dans les névroses et les psychoses (16). C’est au niveau du moi dans ses rapports à la réalité que Freud situe la perte de la réalité. " Nous avons noté depuis longtemps, écrit Freud dans les " Formulations… " que toute névrose a pour conséquence (et de là, vraisemblablement, pour projet) d’expulser le malade hors de la vie réelle (reale), de le rendre étranger à la réalité (Wirklichkeit). (…) le névrotique évite (abwendet) la réalité parce qu’il la trouve en totalité ou en partie insupportable. Le type le plus extrême de cet évitement de la réalité nous est fourni par certains cas de psychose hallucinatoire dans lesquels l’événement qui a suscité le délire doit être dénié (verleugnet) (Griesinger). A vrai dire, tous les névrotiques en font autant, mais avec un petit fragment de la réalité " (17). La clinique des névroses nous livre deux modes de rupture du moi avec la réalité : l’activité fantasmatique consciente et le symptôme comme retour et satisfaction substitutive du désir refoulé. L’activité fantasmatique consciente fournit au moi une " compensation " au renoncement imposé par les nécessités extérieures à la satisfaction selon le seul principe de plaisir. La fantaisie consciente procède d’un clivage du moi dont une partie continue à fonctionner en dehors du principe de réalité. Freud parle de " réserve naturelle " qui perpétue "l’état primitif qu’on a été obligé, souvent à regret, de sacrifier partout ailleurs à la nécessité " (18). Dans l’activité fantasmatique consciente se perpétuent toutes les sources de plaisir et tous les moyens d’acquérir du plaisir auxquels le moi a été obligé de renoncer dans la réalité ; cette activité substitue à l’impossible satisfaction dans le monde extérieur, une satisfaction imaginaire. De leur côté les symptômes névrotiques, en tant que satisfactions libidinales, font " le plus souvent abstraction de l’objet et renoncent ainsi à tout rapport avec la réalité extérieure "(19). Freud voit là une conséquence du renoncement au principe de réalité et du retour au principe de plaisir. Les symptômes opèrent " un retour à une sorte d’auto-érotisme élargi ", ils " remplacent une modification du monde extérieur par une modification du corps ". Nous sommes là dans le registre de la conversion hystérique, d’une Dora (20) qui substitue à la satisfaction réelle de la pulsion sexuelle orale ayant pour objet son père, une toux qui est l’expression du fantasme inconscient d’accomplissement de désir. La rupture avec la réalité procède du symptôme comme retour du refoulé. Les symptômes hystériques et d’une manière générale tous les symptômes névrotiques sont des satisfactions substitutives du désir refoulé (21). Freud écrit que le " symptôme hystérique est la réalisation d’un fantasme inconscient servant à l’accomplissement de désir (22) ", ou encore que les attaques hystériques "ne sont rien d’autre que des fantasmes traduits dans le langage moteur, projetés sur la motilité, figurés sur le mode de la pantomime " (23). Dans les " Formulations… " il nous dit que le " trait le plus surprenant des processus inconscients (refoulés), celui auquel le chercheur ne s’habitue qu’au prix d’une grande victoire sur lui-même, c’est que l’épreuve de réalité n’y ait aucune valeur, que la réalité de pensée y soit placée à égalité avec la réalité extérieure, et le désir avec l’accomplissement, avec l’événement, comme si celui-ci découlait tout bonnement de la domination de l’ancien principe de plaisir " (24). Cette affirmation que dans l’inconscient, régi par les processus primaires et ignorant la négation, le désir est toujours déjà accompli dans le fantasme, est une des constantes de la théorie freudienne. Plus que satisfaction de désir, le symptôme accrédite le fantasme inconscient d’une valeur de réalité. Le symptôme névrotique constitue pour le sujet et son entourage une réalité dont seul l’analyste sait qu’elle n’obéit pas aux lois matérielles (anatomiques, physiologiques, etc.), que c’est une réalité imaginaire où se dit le fantasme inconscient du sujet. Le symptôme névrotique substitue à la réalité du monde extérieur – réalité supposée être objective et qui ne serait pas subvertie par le désir refoulé – une réalité imaginaire ayant un sens symbolique (25), une réalité subjective. Rappelons le cas de cette dame obsessionnelle dont nous parle Freud (26), et dont le symptôme consistait à se précipiter de sa chambre dans une pièce contiguë, de s’y placer devant une table recouverte d’un tapis rouge et de sonner la femme de chambre pour lui donner un ordre quelconque ou la renvoyer purement et simplement, puis de s’enfuir précipitamment. Freud analyse ce comportement comme une " correction " apportée à une situation de la vie antérieure de sa patiente : l’impuissance de son mari lors de la nuit de noces, et la honte de celui-ci face à la femme de chambre qui ne verra pas dans les draps les traces de la défloration. Le symptôme, en substituant aux draps immaculés un tapis rouge, vient affirmer et soutenir au regard de la domestique la puissance sexuelle du mari. Le comportement obsessionnel de cette dame n’obéit ni aux exigences de la réalité ni aux conventions sociales qui régissent les rapports à la domesticité, mais à une autre logique, celle des processus primaires au service d’un projet inconscient : " élever le mari aimé à un niveau supérieur ". Mais pour l'être humain il n'y a de réalité que subjective, symbolique. Il y a toujours déjà pour le sujet de l’inconscient un investissement symbolique, fantasmatique, de ce qui se donne à lui comme monde extérieur, et ce sur un modèle proche de la névrose phobique. Prenons comme exemple la peur du Petit Hans (27) d’être mordu par un cheval. Le risque d’être mordu par un cheval est une possibilité comme celui d’être dévoré par un loup, et la peur qui en résulte ne devient symptôme que par la dimension exagérée et permanente qu’elle prend. Dès lors, la peur devenue phobie est révélatrice d’un investissement symbolique du cheval, et Freud d’analyser la phobie du Petit Hans comme une tentative pour résoudre le conflit que pose au moi l’attitude d’ambivalence oedipienne à l’égard du père. A la place de l’agression contre le père apparaît l’agression-vengeance du père contre le fils. Viennent ensuite la substitution du cheval au père et la peur d’être mordu par le cheval à celle d’être châtré par le père. C’est par le mécanisme de projection que les fantasmes déterminent la perception et la compréhension du monde extérieur, monde extérieur qui n’existe pas en dehors du désir du sujet, monde qui n’a jamais que l’apparence de l’objectivité tant il est toujours déjà investi fantasmatiquement et structuré narcissiquement. Et pourtant la référence à une réalité objective, une réalité hors fantasme, reste souvent présente dans le regard du psychopathologue. Alors qu'une réalité dite normale est essentiellement construite autour des fantasmes qui font consensus au sein d'un groupe social donné, c'est la réalité officielle. C’est à propos des psychoses que Freud (28) a le plus nettement souligné la fonction créatrice du symptôme. Dans les psychoses, succède à un premier temps qui est une rupture avec la réalité extérieure, un second temps qui restaure une relation avec une néo-réalité délirante bâtie conformément aux désirs et aux fantasmes. Au désinvestissement de la réalité et à l’investissement d’objets fantasmatiques dans les névroses, correspond, dans les psychoses, un désinvestissement identique de la réalité suivi d’un investissement narcissique du moi (29). Mais alors que dans les névroses les fantasmes sont refoulés, dans les psychoses, ils sont accrédités d’une valeur de réalité. Dans quelles conditions le moi est–il amené à se détourner de la réalité du monde extérieur ? Dans son article de 1912 "Sur les types d’entrée dans la névrose (30) ", Freud incrimine la " Versagung " que la réalité impose au sujet quand l’objet de satisfaction lui est retiré sans qu’aucun substitut ne vienne s’offrir à sa place. Le terme de " Versagung " est traditionnellement traduit dans l’œuvre de Freud par " frustration ". Cette traduction est rejetée par Lacan qui écrit : "… on chercherait vainement dans toute l’œuvre de Freud, de ce terme la moindre trace : car on y trouverait seulement occasion à le rectifier par celui de Versagung, lequel implique renonciation, et s’en distingue donc de toute la différence du symbolique au réel… " (31). La " Versagung " est une renonciation, un dit " non " à une satisfaction pulsionnelle, que cette renonciation soit imposée de l’extérieur, ou qu’elle résulte de " certaines tendances du moi ", le sujet s’efforçant d’abandonner un mode de satisfaction pour un autre conforme aux exigences de la réalité, la masturbation pour une relation génitale par exemple, le conflit qui s’instaure alors entre les deux types de satisfaction amène à leur inhibition et à une stase de la libido dans le moi. La " Versagung " a un effet pathogène en ce qu’elle provoque une " stase libidinale d’une certaine hauteur " dans le moi. Freud précise qu’il " ne s’agit pas d’une quantité absolue, mais du rapport entre le quantum actif de libido et cette quantité de libido que le moi individuel peut maîtriser, c'est-à-dire maintenir sous tension, sublimer ou utiliser directement " (32). Il existe, selon Freud, des solutions non névrotiques à l’accumulation de libido dans le moi : le sujet peut supporter l’élévation de la tension psychique et accepter l’état d’insatisfaction, il peut aussi convertir la tension psychique en énergie active dirigée vers le monde extérieur pour le forcer à accorder une satisfaction " réelle ", ou encore sublimer la libido, celle-ci se satisfaisant alors dans des buts qui ne sont plus érotiques et qui, par conséquent, échappent à la " Versagung ". Seule mène à la névrose l’introversion de la libido, celle-ci se détournant de la réalité extérieure pour venir investir des représentations fantasmatiques. Là, elle crée de nouvelles formations de désir et ranime les traces de formations de désir abandonnées au cours de l’évolution libidinale. Par la " relation intime " entre l’activité fantasmatique et le matériel infantile refoulé, et grâce à la position hors épreuve de réalité de l’activité fantasmatique, la libido peut régresser vers des satisfactions infantiles, lesquelles, entrant en conflit avec le moi resté attaché à la réalité, sont refoulées. Ce conflit entre une sexualité qui cherche à se satisfaire sur un mode régressif, infantile, et le moi, n’est pas une nécessité absolue, l’attitude du moi dépendant de son degré d’évolution, de sa plus ou moins grande soumission au principe de réalité. Ainsi il peut, par exemple, s’accommoder d’une sexualité régressive et devenir pervers. Pour rendre compte du destin de la libido accumulée dans le moi par la " Versagung ", Freud fait intervenir le concept de fixation. La fixation de la libido à un type de satisfaction privilégié limite sa mobilité c’est-à-dire la possibilité de substituer un mode de satisfaction à un autre. "… Pour devenir pathogénique, écrit Freud dans "l'Introduction à la psychanalyse", elle (la privation) doit porter sur la seule satisfaction que la personne exige, sur la seule dont elle capable " (33). Mais la "Versagung" n'a pas qu'un impact au niveau pulsionnel. Elle remet aussi en cause l'image narcissique qu'a le sujet de lui-même. Celui-ci y voit la représentation de ses limites et de son impuissance. La rencontre avec la réalité comme source d'insatisfaction a un effet de vérité en tant qu'elle dévoile à l'homme sa condition marquée par la finitude (Heidegger). Dans " Totem et Tabou " (34), Freud accrédite l’idée d’une évolution de la pensée humaine, qui, partant de l’animisme, aboutirait, en passant par les croyances religieuses, à la pensée scientifique " réaliste " impliquant la reconnaissance par l’homme de ses limites telles qu’elles résultent de sa condition d’homme. Dans l’animisme, l’homme s’attribue une toute-puissance sur le monde extérieur correspondant, d’un point de vue psychologique, au stade du narcissisme. Succède à l’animisme une phase religieuse où l’homme cède aux dieux la toute-puissance sans y renoncer lui-même car il s’est réservé le pouvoir d’agir sur les dieux conformément à son désir. La croyance en une puissance divine résulte de la fixation à une image idéale du père sur lequel l’enfant a projeté son narcissisme. Avec l’avènement de l’époque scientifique il n’y a plus de place pour le fantasme d’une toute-puissance de l’homme, lequel a reconnu sa petitesse et s’est résigné à la mort. Selon Freud, la pensée scientifique correspondrait à la phase de maturité de l’individu où celui-ci se conforme aux exigences de la réalité. On voit bien que la réalité chez Freud, avant d'être réalité de ceci ou de cela, avant toutes les formes qu'elle peut prendre à travers l'Histoire, est le lieu où tout individu rencontre la vérité de sa condition d'homme. On ne s'adapte pas à une vérité, mais à défaut de pouvoir l'accepter ou l'effacer, on peut l'adapter, comme dans les mythes. Après la biologie, la psychologie et la sociologie, nous voilà donc en plein discours métaphysique : la "petitesse" de l'homme, "l'être-pour-la-mort" (Heidegger), le sujet désirant et laissant à désirer (Lacan). La prise de conscience par l'homme de sa finitude met à mal sa capsule narcissique, elle est source d'angoisse comme l'angoisse de mort dont Freud nous dit qu’elle est "l’analogon de l’angoisse de castration " (35). La représentation de sa propre mort vient réveiller chez le sujet le fantasme de castration - fantasme d’une amputation, d’une coupure portée à son image du corps investie narcissiquement -, et de l’affect qui lui est lié. Se trouvent réinvesties dans l’inconscient les premières réponses apportées à la question du manque sur le modèle des objets chus du corps : sein, fesses, phallus. Puis perte de la vie. Les théories psychologiques qui fixent l'adaptation sociale comme finalité à leur démarche sont des doublures de la théorie darwinienne de l'adaptation biologique : les espèces vivantes se transforment et s'adaptent à leur environnement pour survivre. Ce que nous rappelle Freud c'est que pour l'être humain la réalité c'est aussi sa subjectivité et un individu ne peut pas être heureux dans sa vie s'il nie cette réalité-là. Trahir ce qu'on est c'est à coup sûr se rendre malade, et en fin de compte on en meurt tout autant. Le seul but éthiquement concevable pour une psychothérapie, qu'elle soit psychanalytique ou autre, c'est l'épanouissement personnel, ce qui n'est possible qu’à trouver son chemin dans la vie. Après, tout est une question de compromis à inventer entre son désir et les contraintes imposées par la réalité. Ce que permet la psychanalyse c'est de rencontrer quelque chose de la vérité de son désir. Et c'est cette vérité que garantissent les symptômes. On est à l'opposé de toutes ces thérapies qui se fixent comme objectif la disparition des symptômes au détriment du sujet. On peut s'imaginer que pour son confort personnel mieux vaut être adapté que désadapté, mais jusqu'où va l'adaptabilité d'un individu ? A partir de quel moment l'adaptation cesse-t-elle et est-elle remplacée par une révolte silencieuse ou bruyante voire une soumission douloureuse ? Prenons le cas de l'adaptation professionnelle. Un travailleur qui a rempli ses obligations professionnelles avec plaisir pendant 10 ans ou plus se trouve un jour en désaccord avec ce qu'on exige de lui, en l'occurrence fabriquer plus, à moindre coût, et des produits de mauvaise qualité. Ce qui est une situation devenue extrêmement banale. Notre travailleur, parce qu'il a besoin de gagner sa vie, va se soumettre aux nouvelles exigences de son employeur, mais à contrecœur, il ne se retrouve plus dans ce qu'il fait et va déprimer, sa haine et sa révolte vont se transformer en angoisse, sa souffrance au travail va pourrir sa vie privée et il va aller de plus en plus mal… Nous avons l'exemple de l'inadaptation scolaire et tous ces enfants qui se rendent malades à aller dans une école dans laquelle ils ne se sentent pas bien : enfants trop sages, anxieux, somatisants… Que penser d'un enfant de 11 ans qui prend des anxiolytiques pour gérer le stress que représente pour lui le fait d'aller à l'école ? A l'inverse il y a tous ces enfants qui expriment ouvertement leur révolte, ceux qui se mettent en échec etc. L'adaptation d'un individu à un groupe n'est possible que si de son côté le groupe s'adapte à l'individu. Il n'y a rien qui va rendre un patient autiste plus malheureux que de vouloir à tout prix l’éduquer et l'adapter. Les techniques de reconditionnement qui sont actuellement utilisées vont aggraver son autisme et le rendre auto ou hétéro- agressif et en fin de compte il faudra lui administrer des neuroleptiques pour le calmer. On peut penser que chez la plupart des gens les capacités d'adaptation sociale sont limitées, comme le sont les capacités d'adaptation biologique. Il n'est pas donné à tout le monde de "tourner sa veste toujours du bon côté", comme le chante Jacques Dutronc. Freud n'était plus adapté à l'Autriche annexée, il a eu l'intelligence de fuir en Angleterre en 1938, ce qui lui a permis de vivre à l'abri des persécutions jusqu'à son euthanasie en septembre 1939. D'autres qui n'ont pas fui se sont suicidés, comme Sophie Morgenstern, à l'entrée des Allemands dans Paris en juin 1940. Le désir est ce par quoi un individu trouve un sens à sa vie, il constitue pour lui sa première réalité… et sa dernière. C'est précisément ce que veulent ignorer toutes ces thérapies psychologiques désubjectivantes. A cela rien d'étonnant puisqu'elles donnent la priorité au normatif et à l'idéologie. Évidemment la psychanalyse n'est pas à l'abri de ces dérives adaptationnistes. Au-delà des grands courants de pensée que l'on connaît et qui se sont constitués autour d'Anna Freud et Heinz Hartmann entre autres, il y a la pratique du psychanalyste au quotidien, surtout en institution. Et lui aussi doit s'adapter aux objectifs et à l'idéologie du groupe social qui l'emploie (36), ou faire semblant. Ou alors supporter une différence bien inconfortable. Ceci dit, il faut bien reconnaître que la psychanalyse actuelle est de moins en moins subversive et de plus en plus adaptée à une société consommatrice de soins psychologiques. Vouloir adapter un individu à une réalité quelconque sans maintenir ouvert l'espace de son désir c'est inévitablement le rendre malade. Pour les mêmes raisons, on ne peut que rester critique face à un Freud qui appelle à la dictature de la raison. Vouloir ignorer ou réprimer ce que l'être humain a d'irrationnel en lui c'est le condamner à une souffrance certaine.
(1) Freud. Esquisse d’une psychologie scientifique, La naissance de la psychanalyse, PUF 1969 pp 307-96. (2) Freud. Formulations sur les deux principes de fonctionnement psychique, G.W. VIII, pp 230-8. (3) Freud. Esquisse pp 342-3. (4) Dans Le monde comme volonté et comme représentation, PUF 1966 p. 32, Schopenhauer écrit : " Être cause et effet, voilà donc l’essence même de la matière ; son être consiste uniquement dans son activité (…). C’est donc avec une singulière précision qu’on désigne en allemand l’ensemble des choses matérielles par le mot " Wirklichkeit " (de " wirken ", " agir "), terme beaucoup plus expressif que celui de " Realität". (5) Freud. L’interprétation des rêves, 1900, PUF 1967, p. 504. (6) Freud. Formulations sur les deux principes de fonctionnement psychique. (7) Freud. L’avenir d’une illusion, 1927, PUF 1971 p. 8. (8) Ibid. pp 9-10. (9) Ibid. p. 18. (10)Freud. Nouvelles conférences sur la psychanalyse, Gallimard 1971 pp 226-7. (11)Freud. ibid p. 226. (12) Freud. Abrégé de psychanalyse, 1938, PUF 1967 p. 76. (13)Freud. Formulations sur les deux principes de fonctionnement psychique. (14)Freud. Le refoulement, Métapsychologie, Gallimard 1976, pp 45-63. (15) Freud. Un type particulier de choix d’objet chez l’homme, 1910, La vie sexuelle, PUF 1969, pp 47-55. (16)Freud. La perte de la réalité dans la névrose et la psychose, 1924, Névrose, psychose et perversion, PUF 1973 pp 299-303. (17)Freud. Formulations sur les deux principes de fonctionnement psychique, G.W. VIII p 230. (18)Freud. Introduction à la psychanalyse, Payot 1965 p. 351. (19)Freud. Introduction à la psychanalyse p. 345. (20)Freud. Fragment d’une analyse d’hystérie, 1905, Cinq psychanalyses PUF 1970 pp 1 – 91. (21)" Ce n’est pas seulement le rêve qui est un accomplissement de désir mais aussi l’accès hystérique. C’est exact pour le symptôme hystérique et sans doute aussi pour tous les faits névrotiques, ce que j’avais déjà reconnu dans le délire aigu ". Freud, lettre n° 105 du 19.2.1899, La naissance de la psychanalyse, p. 246. (22)Freud. Les fantasmes hystériques et leur relation à la bisexualité, 1908 Névrose, psychose et perversion, pp 149-155, citation p. 153. (23)Freud. Considérations générales sur l’attaque hystérique, 1909, ibid. pp 161-5, citation p. 161. (24)Freud. G. W. VIII, p. 237. (25)“… La névrose (…) aime s’étayer, comme le jeu de l’enfant, sur un fragment de la réalité (…), lui prête une importance particulière et un sens secret que, d’un terme pas toujours approprié, nous appelons symbolique ". Freud. La perte de la réalité dans la névrose, Névrose, psychose et perversion PUF 1973, pp 299-303, citation p. 303. (26)Freud. Introduction à la psychanalyse, p. 243 sq. (27)Freud. Analyse d’une phobie chez un petit garçon de cinq ans (le petit Hans), 1909, Cinq psychanalyses, PUF 19740 pp 93-198. (28)Freud, Névrose et psychose, 1924, Névrose, psychose et perversion, pp 283-6 et la perte de la réalité dans la névrose et dans la psychose, 1924 ibid. pp 299-303. (29)" L’hystérique, ou l’obsessionnel, a lui aussi (comme le paraphrène) abandonné, dans les limites de sa maladie, sa relation à la réalité. Mais l’analyse montre qu’il n’a nullement supprimé sa relation érotique aux personnes et aux choses. Il la maintient encore dans le fantasme ; (…) Il en va autrement pour le paraphrène. Il semble que ce malade ait réellement retiré sa libido des personnes et des choses du monde extérieur, sans leur substituer d’autres objets dans ses fantasmes. (…) La libido retirée du monde extérieur a été apportée au moi, si bien qu’est apparue une attitude que nous pouvons nommer narcissisme ". Freud, pour introduire le narcissisme, 1914, La vie sexuelle, PUF 1969, pp 79-105, citation pp 82-3. (30)Freud. Sur les types d’entrée dans la névrose, Névroses, psychose et perversion, PUF 1973, pp 175-82. (31)Lacan, Ecrits, Seuil 1966 pp 460-1. (32)Freud. Sur les types d’entrée dans la névrose, ibid. p. 180. (33)Freud. Introduction à la psychanalyse, p. 324. Freud appelle " privation " l’effet produit par la renonciation à la satisfaction libidinale. " Afin d’unifier notre vocabulaire, nous désignerons le fait qu’une pulsion ne soit pas satisfaite par le terme de frustration (Versagung), le moyen par lequel cette frustration est imposée par celui d’interdiction (Verbot), et l’état que produit l’interdiction par celui de privation (Entbehrung). " Freud. L’avenir d’une illusion, PUF 1971 p. 15. (34)Freud. Totem et Tabou, 1912, Payot 1947. (35)Freud. Inhibition, symptôme et angoisse, 1926, PUF 1968 p. 53. (36)"Il n’est pas surprenant que beaucoup d’analystes (dans des groupes constitués en institution plus qu'individuellement), face à des attaques ou des menaces d’attaques du pouvoir se montrent suradaptés, soumis et profondément réactionnaires. Ils développent ce qu'on a décrit comme étant la " mentalité de l'immigré " : identification excessive aux valeurs, aux normes et aux règles d’une culture étrangère puissante … ". Parin P., Parin-Matthèy G., Das obligat unglückliche Verhältnis der Psychoanalytiker zur Macht, dans Lohmann, Hans-Martin (Hrsg.), Das Unbehagen in der Psychoanalyse, Frankfurt/Main: Qumran, p.17-23. Repr. 1997f, 1986a (SiW, 90-95).
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